Le Groupe Vocal "Les Chanteurs d'Argoat",choeur mixte situé dans les Côtes d'Armor à Loudéac, présente son quotidien, sa convivialité, et son travail musical à tous les amoureux du chant choral.
Extrait d’un article d’Annick DUCHATEL
Faire partie d'une chorale serait bon pour notre santé physique et mentale, et les bienfaits croîtraient avec l'usage. Alors, qu'attendons-nous pour fredonner en choeur?
Même si je chante comme une casserole, cela ne m'empêche pas d'avoir ma chanteuse de blues intérieure.
Je me vois accoudée à un piano dans un cabaret enfumé, captivant le public de ma voix chaude, et ce, sans le moindre trac... alors que la seule vue d'un micro me fait habituellement tomber dans les pommes!
Effet Star Académie?
Chose étrange, tout semble converger vers les sous-doués du chant dans mon genre afin qu'ils donnent libre cours à leur talent caché. Un phénomène qui s'explique aisément: après la fièvre de Star Académie et la pandémie de karaoké, il y a eu le succès imprévu de Susan Boyle, l'Écossaise devenue une célébrité à 47 ans. Sans parler de Gregory Charles qui, depuis quelques années, redore l'image des chorales en les faisant swigner.
Pour ce reportage, j'ai donc rencontré de véritables accros du chant choral! Accros, les femmes ne le sont pas par désir refoulé de prendre le devant de la scène, mais simplement parce qu'elles se sentent en meilleure santé depuis qu'elles poussent la chansonnette.
Beaucoup de femmes de plus de 40 ans commencent ou recommencent à chanter, constate Véronica Gill, 40 ans, responsable des communications de l'ensemble vocal montréalais Les Voix Ferrées. «Pour ma part, j'ai décidé de m'inscrire à la chorale il y a cinq ans. Je m'ennuyais du chant.» Elle avait reçu une formation musicale dans sa jeunesse, mais n'avait pas retouché à une partition depuis. «Je ne suis pas très à l'aise avec ma voix, mais j'aime chanter à plusieurs. Dans une chorale, l'harmonie a un effet à la fois énergisant et relaxant. Ma chanson préférée, c'est Hallelujah, de Leonard Cohen. Quelle puissance!»
Véronica a aussi remarqué que cette forme d'expression constituait un antidépresseur sans pareil pour combattre le spleen hivernal. «Même quand je suis fatiguée et déprimée à cause du manque de lumière, je reviens de la répétition avec l'impression d'avoir fait le plein d'énergie! On dit que celles et ceux qui chantent atteignent plus facilement le bonheur parce que cet exercice stimule les deux hémisphères cérébraux, celui de la raison et celui des émotions. La musique est à la fois un système logique et un incroyable moyen de libérer ses émotions.»
Chant choral - Des vertus thérapeutiques
Les vocalises libèrent des endorphines dans le cerveau, exactement comme le fait le sport, explique Emmanuel Comte, spécialiste en sons thérapeutiques et fondateur du Centre de recherche MedSon, à Montréal.
«On ne fait que découvrir les propriétés thérapeutiques de la musique et du chant, dit-il. Ou plutôt les redécouvrir, car elles sont connues depuis la préhistoire! Les anciens Grecs utilisaient le chant pour guérir, et Apollon était à la fois dieu de la médecine et de la musique. À l'origine, les mélodies grégoriennes servaient à soigner. Et dans de nombreuses cultures, les chamans récitaient des incantations pour combattre diverses maladies.» M. Comte souligne qu'aujourd'hui la médecine commence à ouvrir la porte à la musicothérapie, particulièrement dans les blocs chirurgicaux et les unités de soins palliatifs. «Et ce n'est qu'un début. Je dis souvent que la médecine est l'avenir de la musique!»
Emmanuel Comte a souffert d'un cancer il y a quelques décennies. Selon lui, le fait d'avoir pratiqué la flûte à l'hôpital pour se désennuyer a joué un rôle important dans sa guérison: «Chaque personne a en elle son propre médecin.» Il ajoute que le premier de tous les instruments de musique, c'est la voix. Et comme elle fait vibrer l'intérieur du corps, cela peut engendrer des effets bénéfiques - une sorte de massage thérapeutique interne. «Cet aspect vibratoire est celui de la vie même. Dans l'univers, tout vibre, de l'infiniment grand à l'infiniment petit: ce n'est pas une figure de style, c'est une réalité scientifique.»
Myriam Boivin, professeure de chant à Saint-Jérôme, utilise l'approche d'Emmanuel Comte dans ses cours. «Certaines personnes veulent chanter, mais elles ont de nombreux blocages. Il existe des sons pour les aider à vaincre cette résistance. Il en résulte parfois des réactions très émotives, comme si quelque chose s'ouvrait enfin.» Selon elle, la pratique du chant recèle un grand pouvoir de relaxation.
Parmi ses élèves, Brigitte Brisebois, 42 ans, - qui a eu divers profs pendant huit ans - apprécie beaucoup cette méthode plus intime, plus thérapeutique.
«Myriam insiste beaucoup sur la posture, explique-t-elle. Elle nous apprend à nous ancrer au sol, à aligner le corps de façon à former une colonne où l'air circule. On se tient mieux et on respire mieux. En prime, ça nous donne plus d'assurance.»
Brigitte chante depuis toujours. «Dans ma famille, c'est la coutume, chez les hommes comme chez les femmes! Et ma fille semble vouloir suivre cette voie.» Si ses cours lui sont indispensables, c'est qu'ils soulagent ses maux de dos. «J'ai un salon de coiffure, donc je travaille toute la journée debout, penchée en avant. Le soir, j'ai le dos endolori. En m'aidant à rectifier ma posture, le chant a un effet relaxant. Je ne prends même pas de médicaments contre la douleur.»
Le chant contribue à soigner toute une gamme de maux, en complément à la médecine traditionnelle. Le musicothérapeute français Philippe Barraqué, auteur de La voix qui guérit (Éditions Jouvence), propose des exercices avec les voyelles, par exemple, où chacune a un pouvoir de guérison particulier.
Chanter et trouver du réconfort
Fait incontestable par ailleurs, le chant peut apporter un immense réconfort dans des circonstances dramatiques. Diane Pitre, 47 ans, membre depuis six ans de la chorale Les Voix Ferrées, a pu le constater lorsque son fils - son petit François - est décédé d'une maladie dégénérative avant même ses 4 ans. «Quand j'ai commencé à émerger de la tempête, je voulais canaliser positivement ma colère et mes émotions. Un peu comme planter des fleurs sur le brûlis qu'il y avait dans mon ventre... Je voulais permettre à la vie de rejaillir. C'est ce que je fais depuis en chantant. Non seulement cet exercice me soigne l'âme, mais il a un effet bénéfique sur mon corps. Je fais de l'asthme allergique, et même si je manque de souffle en période de crise, cette gymnastique pulmonaire et thoracique m'aide beaucoup. Mes camarades de la chorale ne m'en veulent pas si je saute quelques notes...»
Membre du même ensemble musical depuis trois ans, Johanne Aubry, 53 ans, a toujours aimé chanter en famille.
Mais il y a cinq ans, cette travailleuse autonome responsable de la programmation de salles de spectacle a souffert d'un grave épisode d'épuisement professionnel. «J'étais devenue agoraphobe. Mon médecin m'a envoyée chez un spécialiste, qui m'a prescrit des anxiolytiques. Quand j'ai commencé à aller mieux, je me suis inscrite à la chorale, et ça m'a beaucoup aidée à me recentrer sur moi. Ce qui se passe quand on chante est très intense. Ça vient chercher des choses enfouies profondément. Et comme on aborde un répertoire très éclectique - de l'afrikaner à l'islandais! - et qu'il faut apprendre les paroles par coeur, c'est un bon exercice pour la mémoire. Après chaque répétition, je suis calme, mais épuisée.»
«Tous les jours, je constate un phénomène de lâcher-prise chez mes patients», affirme la thérapeute Renée Charron. Avant d'étudier en psychologie, cette spécialiste de la voix a chanté du rock et du jazz. Puis, elle a découvert qu'elle pouvait apprendre aux gens à s'épanouir en combinant le chant et une approche psychologique particulière: l'abandon corporel. «Je les aide à apprivoiser leur expression vocale, parfois gênée par des interdits importants. Écoutez les enfants: ils crient sans retenue, ils n'ont aucun problème avec leur souffle! Puis, à coups de "Tais-toi", une retenue s'installe. On oublie de respirer, avec les poumons mais aussi avec le ventre. Laisser passer sa voix "à plein volume", remettre en mouvement l'énergie gardée en dedans, c'est très libérateur.» Non seulement la voix rapproche du souffle, des émotions, mais elle est aussi un instrument relationnel. «En l'apprivoisant, on se redéfinit dans son rapport aux autres», précise-t-elle.
Je n'en finirais pas d'énumérer les cas prouvant que cette discipline se hisse dans le top 10 du palmarès de la santé! Ainsi, celui de la chanteuse et professeure de chant Anic Proulx (qui prépare un album pour cet hiver): «À 20 ans, j'ai touché le fond. J'étais anorexique depuis l'âge de 10 ans et je pesais 45 kilos. J'ai suivi une thérapie et je me suis inscrite à des cours de chant. Ça a beaucoup contribué à me guérir. Quand on se concentre sur le son, c'est comme si une carapace fondait. C'est magique!»
Au terme de la lecture de cet article, vous persistez à dire que vous êtes dénuée de talent et incapable d'affronter l'audition obligatoire pour devenir choriste?
Pas de faux-fuyants, il existe des solutions... Au tournant de la quarantaine, Evemarie Brunelle, dynamique organisatrice d'évènements et passionnée de chant, a concrétisé un projet qui la fait toujours vibrer: fonder sa propre chorale. «Puisque mon père était chef de choeur, je suis tombée dans cette marmite musicale dès l'enfance. Et toute ma vie, j'ai constaté les bienfaits de cet art. Moi-même, je dors mieux quand j'ai chanté. Et je connais des arthritiques qui ont moins de douleur.
Alors, je me suis dit que je pourrais monter une chorale de ressourcement par le chant, que j'ai baptisée Allez chante! Le principe? Pas d'audition à passer. Et les personnes qui trouvent que leur voix n'est pas super peuvent faire un essai de trois mois.» Alors, on chante? Je vais de ce pas vérifier si l'acoustique de ma douche s'est améliorée!
Do, ré, mi, on se guérit!
Les bienfaits de la pratique du chant choral
(Articles trouvés sur internet)
Les bienfaits de la pratique du chant choral Chanter permet de libérer des émotions cachées. Gardées à l’intérieur de vous, ces émotions seraient à l’origine de tensions. La voix est le moyen le plus naturel pour exprimer tout ce que nous éprouvons. Parler nous soulage de nos angoisses.
Le bien-être en chantant
Forme. Les ateliers et méthodes pour pousser la chansonnette se multiplient. Avec à la clé, des bienfaits insoupçonnés.
On améliore sa posture
Comme une activité sportive, chanter repose sur la respiration et la posture. « Bien se tenir, c'est essentiel pour chanter, insiste Anne Peko, professeur de chant. On apprend d'abord à se positionner : les pieds doivent être ancrés dans le sol, les genoux légèrement fléchis, le bassin libre et la cage thoracique ouverte. On cherche à se grandir en imaginant être une marionnette suspendue à un fil. » On corrige ainsi les mauvaises postures provoquées par nos modes de vie modernes.
C'est une source d'énergie...
Pour laisser échapper des sons et tenir la note, on pratique une respiration profonde, comme au yoga. On ouvre grand la cage thoracique et on emmagasine de l'air en bas du ventre et du dos, avant de le laisser s'échapper en contrôlant son débit. « Cette respiration améliore la circulation du sang et oxygène l'organisme, tandis que les sons émis viennent frapper les muscles et les organes, opérant un massage du corps des pieds à la tête. » L'énergie circule mieux, on se sent revitalisé.
... et un antidépresseur
« Grâce à ce massage des organes et cette oxygénation de l'organisme, le chant entraîne un relâchement des tensions et procure une profonde détente, » précise la spécialiste. Focalisé sur l'instant présent, on oublie ses soucis. « Chanter possède une dimension joyeuse, ludique et jubilatoire qui agit favorablement sur l'état émotionnel. Cela peut même être euphorisant. »
On prend confiance en soi
Pour chanter, il faut oser, s'affirmer. « On apprend aussi à mieux placer sa voix et à trouver le bon volume, le bon débit et la bonne intensité, ajoute Anne Peko. Après, on capte plus facilement un auditoire. » Ça sert à la maison comme au travail !
Ça muscle !
Le chant mobilise tous les muscle,mais plus particulièrement les abdominaux et le périnée, situés « à la base du tronc, dans le bassin. Leur contraction apporte la tonicité nécessaire à l'émission du son. » Chanter, c'est top pour tonifier efficacement sa ceinture abdominale sans s'astreindre à de longues séries d'abdominaux !
Caroline HENRY. (Ouest-France)